La
biennale de l'éducation en Afrique représente sans nul doute, tous les deux ans,
le regroupement de la coopération éducative le plus important en Afrique subsaharienne.
Quelque 300 participants sont attendus, parmi lesquels, on peut noter : tous les
ministres en charge d'éducation et de formation en Afrique au Sud du Sahara, toutes
les agences de coopération multilatérale et bilatérale actives dans l'assistance
à l'éducation en Afrique, des ONG/OSC africaines et internationales, des professionnels
des ministères de l'éducation, des universités, des institutions et des réseaux
de recherche. Parmi les raisons qui expliquent l'intérêt croissant que les ministres
africains de l'éducation et leurs partenaires au développement accordent à l'évènement,
il est utile de souligner entre autres :
1.
Composition unique et rôle de catalyse de l'ADEA
Créée en 1988 comme forum
de bailleurs de fonds, l'ADEA a évolué et présente aujourd'hui une composition
unique de par ses membres. Elle regroupe tous les ministres de l'éducation (membres
de droit) d'Afrique au Sud du Sahara sans distinction de zones linguistiques ou
géographiques et leurs principaux partenaires extérieurs au développement, dont
les vingt deux (22) agences bilatérales et multilatérales de coopération qui sont
membres du comité directeur de l'ADEA. Avant tout, l'ADEA est un lieu de dialogue
entre ministres, entre agences, et entre ministres et agences, dialogue qui engage
ces partenaires à des débats sur les politiques de développement de l'éducation
comme sur les stratégies d'appui à ces politiques pour promouvoir les nécessaires
réformes.
Les
échanges au sein de l'ADEA sont caractérisés par une approche professionnelle
et développementale qui permet des discussions franches, ouvertes et critiques
afin d'apprendre les uns des autres et de promouvoir des compréhensions partagées,
bases de partenariats dynamiques et fructueux. Ce dialogue politique authentique
est alimenté par un travail analytique et diverses contributions de réseaux de
professionnels que développent les quinze groupes de travail et groupes ad hoc
de l'ADEA sur des thèmes critiques pour le développement de l'éducation en Afrique
: livres et matériels didactiques, éducation à distance et apprentissage libre,
analyse sectorielle de l'éducation, développement de la petite enfance, finances
et éducation, statistiques de l'éducation, éducation non formelle, participation
féminine, enseignement supérieur, profession enseignante, communication pour l'éducation
et le développement, réponses efficaces contre la pandémie du VIH/SIDA dans le
secteur de l'éducation, amélioration de la qualité de l'éducation, formation au
dialogue politique, stratégies post-primaires…
L'ADEA
opère ainsi en tant que catalyseur et foyer de réflexions collégiales, d'inter-apprentissages,
d'émergences novatrices, de nouveaux liens de partenariats et de renforcement
de la coopération régionale et du leadership africain dans le secteur de l'éducation.
2.
Les biennales, des moments forts pour le dialogue politique régional
Les
biennales représentent les moments les plus forts de ce dialogue politique en
même temps qu'elles offrent une opportunité exceptionnelle de rencontres, de réseautage
et de partage d'expériences et de connaissances. C'est pourquoi elles exercent
une influence sur les priorités inscrites ou à inscrire à l'ordre du jour de la
coopération éducative en Afrique. Les thèmes des biennales successives en sont
une éloquente illustration : - Mise en œuvre des programmes et des projets de
développement de l'éducation (Angers 1993) - Nature et processus d'élaboration
des politiques éducatives (Tours, 1995) - Partenariats pour le développement des
capacités et une éducation de qualité pour tous (Dakar, 1997) - Expériences réussies
et /ou prometteuses pour améliorer l'accès, l'équité, la qualité et la gestion
efficace de l'éducation (Johannesburg, 1999) - Généralisation et pérennisation
des réformes (Arusha, 2001) - Le défi de l'apprentissage en Afrique : améliorer
la qualité de l'éducation (Grand Baie, 2003). En effet, la thématique des biennales
présente une cohérence dans la continuité et l'approfondissement des sujets traités
en même temps qu'elle épouse, en l'accompagnant ou en l'anticipant, l'évolution
des priorités de la coopération éducative en Afrique.
3.
Contexte de la biennale 2006 : défis et opportunités
La biennale 2006
sera organisée dans un contexte où les défis posés à l'Afrique restent préoccupants
: conflits civils, appauvrissement accentué, expansion exponentielle de la pandémie
du VIH /SIDA, pays en risque de ne pas atteindre les objectifs de l'EPT en 2015.
Contradictoirement à ce sombre tableau, des sources d'optimisme émergent : l'annulation
de la dette initiée par le G8, l'impulsion donnée aux programmes de lutte contre
la pauvreté et les objectifs de développement du millénaire expriment des engagements
forts de la communauté internationale et représentent autant d'opportunités nouvelles
à saisir pour aller de l'avant. Dans la foulée, de nouvelles formes de coopération
se mettent en place avec les approches sectorielles et intersectorielles de l'aide
articulées aux analyses macro-économiques et globales de la pauvreté. En même
temps s'affirme de plus en plus une volonté du leadership politique au plus haut
niveau des pays africains de s'approprier les politiques et les programmes de
développement. En témoigne la naissance de l'Union africaine et de son programme
NEPAD, qui proclament la détermination des chefs d'Etat de l'Afrique à prendre
en main la responsabilité du développement du continent et à construire sur cette
base un nouveau type de partenariat avec le Nord. Pour faire face à ces défis
tout comme pour saisir ces opportunités, l'Afrique n'a pas de levier plus puissant
que celui qu'offre l'éducation. Celle-ci, en tant que facteur essentiel pour la
croissance économique, la redistribution équitable, la sauvegarde de la santé
et de l'environnement, la promotion de la citoyenneté démocratique et de la cohésion
nationale, est une condition sine qua non et un moteur puissant de développement
durable. C'est précisément cette centralité de l'éducation, de plus en plus internationalement
reconnue, qui explique les engagements collectifs et la mobilisation autour des
objectifs de l'EPT.
4.
Thème de la biennale 2006 : l'efficacité des apprentissages et des systèmes d'éducation
et de formation.
La
biennale 2006 s'inscrit dans ce mouvement international et africain en faveur
du cercle vertueux éducation/développement. Elle s'y insère en s'appuyant sur
l'une des leçons principales tirées de l'analyse des expériences réussies en Afrique
(biennale 1999) : combiner élargissement de l'accès, renforcement de l'équité
et amélioration de la qualité constitue à la fois une condition et un facteur
de succès pour les politiques d'éducation au service du développement. Or en Afrique,
pendant qu'on observe des progrès significatifs dans l'accès (9 enfants sur 10
entrent à l'école maintenant), les taux de redoublement et d'abandon restent particulièrement
élevés, et les seuils d'acquisition très faibles. Ces médiocres performances des
systèmes éducatifs expliquent que sur 100 enfants qui entrent à l'école, seulement
60 achèvent le cycle primaire. Ce coefficient d'efficacité est aujourd'hui le
plus faible de toutes les régions du monde et indique là où devraient se situer
les priorités des politiques éducatives. Il en découle la nécessité d'accorder
plus d'attention et d'efforts à la qualité dans la mobilisation en cours en faveur
de l'éducation pour tous. C'est pourquoi le comité directeur de l'ADEA, après
avoir consulté tous les ministres africains de l'éducation et en accord avec l'opinion
majoritaire exprimée par ceux-ci, a décidé de la poursuite du dialogue politique
sur l'amélioration de la qualité de l'éducation en l'articulant avec le thème
et l'objectif de renforcement de l'efficacité des apprentissages et des systèmes
d'éducation et de formation. Ce thème principal sera articulé aux domaines qui
ont été fortement soulignés par les ministres : les écoles, l'alphabétisation
et le développement de la petite enfance.
5.
Une préparation participative
Pour engager les pays ainsi que leurs partenaires
à une préparation et à une participation actives, le comité directeur de l'ADEA
a mis en place trois groupes ad hoc chargés de préparer des études sur les sujets
retenus. Cet exercice est destiné à soutenir les efforts des pays africains confrontés
au défi d'une éducation de base de qualité pour tous. La méthodologie mise en
place pour réaliser les études repose sur l'analyse, le partage et l'échange des
expériences et des connaissances acquises en matière d'amélioration de la qualité
de l'éducation. A partir de cette approche participative basée sur la praxis,
les ambitions de l'exercice sont (i) de mener une réflexion élargie sur les politiques,
les stratégies et les pratiques pertinentes en tenant compte des contextes spécifiques
dans lesquels elles s'inscrivent, (ii) d'identifier des solutions africaines développées
par les pays africains pour résoudre les problèmes africains de renforcement de
l'efficacité, (iii) de favoriser, à travers l'échange, l'émergence de visions
politiques enrichies et d'engagements. Les deux axes principaux de ces études
sont constitués par l'analyse des expériences nationales (études de cas identifiées
et réalisées par les pays africains) et une analyse de la littérature portant
sur des thèmes qui ont un lien direct avec l'efficacité de l'éducation. De nombreuses
études de cas de pays et/ou inter-pays sont aussi entreprises pour alimenter les
discussions autour des trois thèmes : l'alphabétisation, les écoles efficaces
et le développement de la petite enfance.
6.
Organisation de la biennale
En
attendant la finalisation de l'ordre du jour, les réflexions sur l'organisation
de la biennale font émerger les orientations suivantes :
Dates |
Activités |
27
mars 2006 | -Organisation
du Forum des Ministres en collaboration avec l'Union africaine sur les thèmes
suivants : a)Plan d'action de l'Union africaine pour le secteur de l'éducation
; b)Priorités et objectifs stratégiques de l'ADEA dans la période 2007-2011. -Comme
à l'accoutumée le Forum élira le bureau des Ministres africains de l'éducation
qui siègera au comité directeur de l'ADEA pendant les deux années à venir. -En
fin d'après-midi se déroulera la séance solennelle d'ouverture sous la présidence
du Président de la République du Gabon. |
28
mars 2006 | -Se
tiendront ce jour là les séances plénières introductives aux discussions sur les
thèmes relatifs aux écoles efficaces, aux programmes d'alphabétisation et aux
programmes de développement de la petite enfance. |
29-30
mars 2006 | -Pendant
deux jours, les séances parallèles consacrées chacune à un des thèmes de la biennale
permettront d'approfondir les échanges et d'élaborer sur les stratégies et les
mesures à mettre en œuvre pour renforcer l'efficacité de l'apprentissage et de
l'éducation dans les écoles, dans les lieux d'alphabétisation et dans les programmes
de développement de la petite enfance. |
31
mars 2006 | -Les
séances plénières de mise en commun des résultats des séances parallèles et de
conclusions clôtureront la biennale. -En marge de la biennale seront organisées
des expositions, des visites ainsi qu'une foire aux expériences et aux innovations. |